Citations - 1989
Peut-être qu’un jour j’écrirai des romans. Mais j’aimerais qu’on puisse dire, comme dans cette préface de Lanza Del Vasto à propos de Luc Dietrich : « C’est un peu comme ces auteurs russes qui écrivent avec leur sang ».
La phrase de À quoi je sers… : « A présent, je peux me taire si tout devient dégoût » ? C’est un peu léger, comme le clip avec les fantômes qui m’emmènent. C’est une image un peu facile, même si elle contient une partie de vérité.
(La photo du 45 tours A quoi je sers…) : c’est Marianne Rosenstiehl qui l’a prise dans ma loge au Palais des Sports… Je l’adore.
J’ai écrit À quoi je sers… un peu après le début du Palais des Sports. Parce que c’est la question que je me suis posée. […] Justement à cela : à crier ce que les autres n’osent pas crier.
Précisément pour mieux cerner ce qui s’était passé (à propos du fait d’avoir écrit la chanson A quoi je sers après sa première rencontre avec son public sur scène, NDLR). C’était si gigantesque. Les jeunes, souvent encombrés de tabous, ont tellement besoin d’être compris… Et moi j’ai le sentiment de leur dire, comme Brel dans sa chanson : « Non Jeff, t’es pas tout seul ». Sans aucune prétention, je sais à présent que c’est à cela que je sers. A leur dire qu’il n’y a pas à avoir honte du sexe. Tout est normal dans l’amour. Je n’aurais jamais cru un jour faire partie de ces artistes qui subliment leur public.
Je ne me désintéresse pas de l’actualité mais mes jouissances viennent d’ailleurs.
Je me sens éternellement androgyne. Adolescente, j’étais une fille manquée, je rejetais toute féminité. J’ai vécu une période pas très agréable. Aujourd’hui j’ai l’impression de changer un peu. Une transformation à la fois physique et mentale.
J’étais passionnée d’équitation et j’ai passionnément détesté l’école, le lycée, l’autorité. Je suis restée deux jours en classe de terminale et j’ai claqué la porte.
Adolescente, je fantasmais sur des amours avec des comédiens.
Je suis un peu plus en paix avec mon passé. J’ai détesté mon enfance et mon adolescence. Mais aujourd’hui, je pense que ce que j’ai vécu a fait de moi celle que je suis. Je n’ai rien oublié, mais j’en veux moins à ceux qui m’ont fait souffrir. Eux aussi étaient prisonniers de leurs problèmes.
J’ai peut-être un petit peu moins peur de grandir.
On approche le million, là ! C’est formidable !
Je crois que pratiquement toutes les chansons de l’album sont très proches de moi. C’est vrai que Sans Logique, c’est le paradoxe qui est en chacun de nous.
Par rapport à une volontaire inhibition antérieure, cet album est presque un viol organisé de ma personne, dû à des contextes, à une écriture. Ce viol était un besoin, comme celui de me dévoiler par l’écriture. J’ai l’impression d’avoir dit des choses qui m’étonnent moi-même. Sur mon premier album, je n’avais écrit que trois textes. Avec Ainsi soit je…, je suis arrivée à transmettre d’autres choses, sur des thèmes que je juge inépuisables.
Deux personnes sont nées en même temps. Bien sûr le terme de producteur est toujours plus magique aux yeux des gens que celui d’interprète. Mais je suis en paix avec moi-même et mon album Ainsi soit je….
Nous atteignons le million d’albums. Ce qui est un disque de diamant. C’est une chose magnifique pour moi.
Cet album est en fait ma philosophie; toutes mes envies, mes passions, mais aussi les choses qui me tiennent à cœur. Beaucoup d’idées choquantes, d’accusations fortes sont allégées par la douceur des notes musicales mais je pense que le ton qui s’en dégage n’est pas aussi gentillet qu’il voudrait bien le laisser croire.