Citations
La phrase de À quoi je sers… : « A présent, je peux me taire si tout devient dégoût » ? C’est un peu léger, comme le clip avec les fantômes qui m’emmènent. C’est une image un peu facile, même si elle contient une partie de vérité.
Mylène Farmer dans Télé Moustique (12 Octobre 1989) - À quoi je sers
L’idée de censure, même auto, me révulse. S’interdire de dire les choses n’est pas une solution. Les tabous ont toujours empêché d’aller de l’avant.
Sortir de la masse ! Je veux dire, ce n’est pas être une petite fourmi parmi les autres ! Et puis parce que c’est quelque chose qui m’attire beaucoup ! J’aime beaucoup chanter, j’adore la musique !
L’Amnésie, c’est la seule maladie tolérable avec l’amour.
Il ne s’agit pas d’infidélité ! Mon précédent album, Bleu Noir, n’était autre que le fruit de rencontres avec Moby, Archive et RedOne. Ils m’ont proposé des chansons qui ont provoqué mon désir et l’envie d’écrire… C’est aussi simple que ça. En outre, Laurent Boutonnat travaillait de son côté sur d’autres projets.
Je suis bouleversée à chaque fois ! Tellement bouleversée… (après les ventes des billets de concerts, ndlr) Et, quelques instants plus tard, totalement affolée ! Il est impensable d’être blasée par un geste d’amour comme celui-ci. C’est un véritable cadeau et une responsabilité aussi. On ne veut pas décevoir ni se décevoir. On a donc un an pour se préparer à embrasser le regard de tous ceux qui ont la générosité d’attendre.
Mon image publique, qui est celle d’une femme-enfant, ne correspond qu’à une de mes facette. Je peux être aussi diable ou délicieuse. Je crois d’ailleurs être plutôt diable qu’ange.
Je pense d’abord qu’elle est une artiste courageuse et de grand talent. Que je n’ai jamais rencontrée, mais je crois qu’elle me connaît. C’est du moins ce qu’on m’a dit. Toutes les deux, on a certainement en nous ce goût pour la provocation, d’évoquer des non-dits et peut-être cet intérêt pour l’image. Apparemment, c’est aussi une grande bosseuse et c’est vrai que j’aime assez le travail.
Je trouve qu’elle a beaucoup, beaucoup de talent. La comparaison est facile, en ce sens que c’est une personne de sexe féminin, qu’elle aime les danseurs, qu’elle aime le show dans sa tradition.
J’ai voulu me changer de tête sans me transformer. La scène, la période que j’ai traversée ensuite, ont forcément fait bouger quelque chose en moi. Inconsciemment. Je me sens bien dans ma coupe de cheveux. Dans ma tête ? C’est encore difficile à dire. Disons que je m’émeus moins aujourd’hui de ma fragilité.
J’accepte les critiques qui essaient de comprendre. Pas celles dont l’auteur, à l’évidence, ne cherche qu’à se faire plaisir sur le dos de l’artiste.
On ne guérit jamais de son enfance. On peut l’analyser, prendre un peu de distance, pardonner. Les émotions demeurent. Enfouies, mais entières.
Il y a une grande part d’enfance en moi, peut-être que je ne dois pas la quitter.
Ces photos (les photos de l’album best of Les mots, ndlr) ne représentent qu’une des facettes de ma personnalité, la plus osée sans doute. Une femme qui revendique sa féminité avec peut-être plus de verve qu’une autre. C’est la situation qui me fait sourire car cette femme, sur cette photo, c’est aussi tout le contraire de moi.
Je choisis mes moments. J’aime séduire avec les mots, avec les gestes. Si je n’aimais pas séduire, comment pourrais-je faire ce métier ?
Ce n’est pas mon concert d’adieu. Non, non, je souhaite faire ce métier le plus longtemps possible !
J’étais allée à Hong Kong une seule fois, mais très brièvement, donc j’avais très peu de souvenirs. Et là, je suis restée à Hong Kong et Pékin, qu’ils appellent Beijing, trois semaines.
Peut-être qu’un jour j’écrirai des romans. Mais j’aimerais qu’on puisse dire, comme dans cette préface de Lanza Del Vasto à propos de Luc Dietrich : « C’est un peu comme ces auteurs russes qui écrivent avec leur sang ».
En ce qui concerne le dernier clip Pourvu qu’elles soient douces, mes réactions sont trop personnelles pour que je puisse les dévoiler. Laurent a écrit le scénario et j’ai laissé faire la construction. C’est vrai qu’il a coûté très cher, et on peut penser à une folie douce ; mais justement, la seule liberté au monde, c’est la folie. Il est déjà difficile de donner un sens à sa vie… De toute façon, c’est nous qui mettons l’argent dans nos clips ; ça ne me gêne pas de devoir manger des pâtes tous les soirs pour m’offrir cette folie. Je sais qu’un jour il faudra revenir à une sobriété totale, car la barre est placée de plus en plus haut...
Je vais ce soir emprunter quelques mots de Barbara et pour le public, je voudrais lui dire, que ma plus belle histoire d'amour, c'est vous.
La phrase de À quoi je sers… : « A présent, je peux me taire si tout devient dégoût » ? C’est un peu léger, comme le clip avec les fantômes qui m’emmènent. C’est une image un peu facile, même si elle contient une partie de vérité.
(La photo du 45 tours A quoi je sers…) : c’est Marianne Rosenstiehl qui l’a prise dans ma loge au Palais des Sports… Je l’adore.
J’ai écrit À quoi je sers… un peu après le début du Palais des Sports. Parce que c’est la question que je me suis posée. […] Justement à cela : à crier ce que les autres n’osent pas crier.
Précisément pour mieux cerner ce qui s’était passé (à propos du fait d’avoir écrit la chanson A quoi je sers après sa première rencontre avec son public sur scène, NDLR). C’était si gigantesque. Les jeunes, souvent encombrés de tabous, ont tellement besoin d’être compris… Et moi j’ai le sentiment de leur dire, comme Brel dans sa chanson : « Non Jeff, t’es pas tout seul ». Sans aucune prétention, je sais à présent que c’est à cela que je sers. A leur dire qu’il n’y a pas à avoir honte du sexe. Tout est normal dans l’amour. Je n’aurais jamais cru un jour faire partie de ces artistes qui subliment leur public.
Très sincèrement je ne pense être utile à personne. Ce serait très prétentieux de ma part. Je pense qu’on peut réunir des personnes autour d’une émotion. Maintenant avoir des gens aussi chaleureux en face de moi chaque soir, ça ne m’empêche pas de me demander à quoi je sers.
J’accorde à A-Ha beaucoup de qualités. Tout d’abord reconnaissons qu’il s’agit d’une très belle production, que le clip est carrément splendide, leurs textes sont vraiment très intéressants, enfin ils ont su créer une ambiance. Ils sont certainement très bien entourés, en tout cas, c’est un parcours sans faute jusqu’à présent.
J’ai toujours eu envie de jouer, d’interpréter une prostituée. Et j’avoue que sur California, c’est venu spontanément. Et donc, j’ai fait appel à Abel Ferrara qui, lui, évoque beaucoup la prostitution dans ses longs métrages.
Faisant référence au dernier clip, avec Abel Ferrara, quand on a parlé donc du sujet du clip, je voulais, moi, interpréter une prostituée, et il m’a demandé : « Mais quel type de prostituée ? ». Je lui ai dit : »‘Pas une victime. Je ne veux pas être une victime dans ce clip ».
Luc Besson et Abel Ferrara, je les ai appelés tout simplement. Ferrara, cela a été dur, des mois de négociation, de coups de fil à trois heures du matin.
C’est d’abord très, très difficile que de trouver un réalisateur, donc, je vois beaucoup, beaucoup de cassettes. C’est vrai qu’il m’est difficile d’aller vers quelqu’un qui n’a jamais rien fait parce qu’on ne peut pas s’appuyer sur un travail, sur des choses qui sont concrètes, réelles. Donc je vais plus facilement vers des réalisateurs qui ont déjà réalisé des vidéos. Donc mon choix s’est porté vers Marcus Nispel, Abel Ferrara et Michael Haussman le dernier.
J’ai suivi des cours de théâtre pendant deux ans. Je veux encore être comédienne ! En passant par la chanson, c’est aussi une voie.
Comme tout le monde (le lycée) jusqu’en terminale puis, mannequin junior, histoire de me faire un peu de fric pour me payer mes cours de théâtre avec Daniel Mesguich pendant deux ans. Je ne sais pa vraiment si j’avais envie d’être comédienne, ces cours m’apportaient autre chose.
Pour le clip vidéo, c’est peut-être aussi, oui, une partie cinématographique. Voilà, c’est la seule expérience que j’ai eue (en tant qu’actrice au cinéma, NDLR).
Je ne vais pas au devant des gens qui pourraient me faire faire du cinéma, je sors peu et surtout, avoir fait deux clips dans un esprit cinéma ne prouve pas qu’on est une fabuleuse comédienne !
Etre comédienne est quelque chose que j’aurais aimé être, peut-être le serai-je plus tard !
J’étais attirée par tous les métiers artistiques. C’est vrai que c’est un mélange, la comédie, un premier abord, oui, mais que la chanson… Quand j’étais très petite, je n’arrêtais pas de chanter, donc je pense que c’était aussi quelque chose dont j’avais envie.
Un film de David Lean, qui est un de mes metteurs en scène préférés, qui s’appelle La fille de Ryan. C’est ce même auteur qui a fait Lawrence d’Arabie, qui a fait Docteur Jivago, et puis j’en oublie beaucoup… C’est toujours très, très romantique. C’est grandeur et décadence, c’est plein de choses ! Et La fille de Ryan, c’est peut-être le rôle que j’aurais voulu interpréter en premier.
La comédie, c’était, avant la chanson, ma première envie et j’avais suivi des cours de théâtre pour cela. Depuis deux-trois ans, j’avais décidé de ne rien faire d’autre tant que je n’aurais pas fait cette expérience. L’envie de jouer un autre personnage que le mien, de nourrir ma vie d’artiste d’autres moments qui, j’espère, seront forts.
Je ne me suis jamais fait miroiter une carrière d’actrice et je continue à recevoir des scénarios.
Du jour où j’ai quitté l’école, j’ai décidé que je voulais être actrice.
J’avais envie de faire ce métier. Théâtre, cinéma… en tout cas l’idée de jouer et d’interpréter des personnages. Maintenant, c’est la chanson qui est venue à moi !
C’était quelque chose dont j’avais réellement besoin. Maintenant j’en parlerais d’une façon un petit peu plus détachée, probablement. C’est parfois un plaisir.
Je crois que j’aimerais faire un autre long métrage. J’aime jouer, j’aime interpréter des rôles.
La musique ,c’est peut-être un accident. J’écoutais Genesis, les Doors, les Eagles, Bob Marley, Gainsbourg, Dutronc, Barbara, sans y penser plus que ça… Je n’avais qu’une chose en tête quand j’ai arrêté mes études : être actrice. Je me disais que si je ne faisais pas du cinéma, j’en mourrais.
Je me voyais plutôt actrice ou chanteuse. Je n’admirais personne. Parfois, quand je sortais du cinéma, je rêvais d’être à la place d’une actrice.
Je ne rêve pas du tout d’une carrière d’actrice, mais le cinéma est aussi une telle évasion, dans le drame ou le rire d’ailleurs, il fait tellement partie de ma vie que je voudrais en retour participer à la sienne.
Je voulais être actrice, donc j’ai pris des cours de théâtre, mais ça c’était plus tardivement. Et puis c’est une rencontre qui a fait que j’ai commencé la chanson. Là, je crois que c’est la vie qui m’a happée. Je me souviens m’être dit : « Je sais que c’est ce que je veux faire ». Surtout à travers l’écriture. C’est quelque chose qui m’a tout de suite beaucoup aidée et intéressée.
Quand j’ai commencé, avant même de découvrir le métier de chanteuse, j’avais pris des cours de théâtre pendant trois ans, donc, c’était vraiment quelque chose qui m’ntéressait, m’attirait. J’ai fait ce premier projet qui était Giorgino et qui n’a pas rencontré malheureusement son public.
Je ne lis jamais les journaux…
Je m’intéresse à l’actualité momentanément. Sans plus. C’est-à-dire que j’écoute avec intérêt, mais… Je dis momentanément, c’est quand je peux l’écouter, c’est-à-dire le soir. Mais là, en ce moment, je travaille beaucoup.
Je ne me désintéresse pas de l’actualité mais mes jouissances viennent d’ailleurs.
J’ai quand même tendance à me situer hors de l’Histoire. Non pas hors du temps, mais hors de l’Histoire. J’y suis sensible, mais, maintenant, m’en servir pour des chansons : non, en aucun cas. C’est plus des choses qui viennent de moi, de ma vie, de mes sentiments. Je me dis « À chacun son métier ». Moi, mon métier, c’est la chanson, c’est en tout cas écrire et interpréter. Une fois de plus, je suis sensible à l’actualité mais pas impliquée du tout.
J’ai cette sensation d’être morte sur scène en la quittant, je voulais envisager cela comme une nouvelle naissance. Dans l’album, je parle de moi car je crois être incapable de parler d’autre chose. Ce n’est pas mon propos de parler de l’actualité, même si l’année passée a été bouleversante. Il est évident que les choses extérieures me touchent, mais moi j’ai besoin de mes propres émotions pour pouvoir écrire. Cet album est la suite d’un portrait.
L’actualité ? Le Pacs, la parité, je ne suis pas tout ça.
On ne peut pas ignorer cette actualité en tout cas.
Où est l’espoir dans le traitement de l’information ? Je pense qu’on entretient assez volontiers le sentiment de peur. C’est une arme de domination massive. Je me demande ce qu’auraient été les journaux télévisés au Moyen Age. Y avait-il plus de raisons de se réjouir ? Pourtant, entre-temps, le monde a quelque peu évolué. L’espoir est un leurre indispensable.
Privilégiée ? (la période de l’enfance, NDLR) Non, c’est pas tout à fait ce qu’on a démontré dans le clip ! Je crois que c’est une période qui est…bon, chacun la vit différemment, mais, c’est une période qui est excessivement difficile, le passage de l’adolescence à l’âge dit d’adulte. Oui… C’est un traumatisme.
J’ai eu cette période (seule au fond de la classe, NDLR). Et puis j’ai eu la période révolutionnaire. (…) C’était un peu de paranoïa, certainement. A chaque réflexion de la maîtresse je me disais: c’est pour moi. Et puis un refus de tout.
Toute mon adolescence, je la déteste.
Maintenant je ne veux Plus Grandir, titre d’une de mes nouvelles chansons. Je n’ai jamais quitté mon adolescence et je ne compte pas l’abandonner. La vieillesse me traumatise. Cette fois, je crois que le sujet touche tout le monde.
La première fois que je me suis maquillée ? J’avais dix-sept ans. Je me suis mis le bâton dans l’oeil…
Dans l’émission Sexy Folies, sur Antenne 2 j’ai déclaré n’avoir connu l’amour que très tard par rapport aux jeunes femmes de mon âge. Mon enfance et mon adolescence ne m’avaient pas apporté cette joie. Aujourd’hui, l’instant magique est passé.
Adolescente, quelque part, j’étais peut-être un peu comme l’héroïne de ma dernière chanson : « Sans contrefaçon… Je suis un garçon… ». Je n’étais pas un garçon manqué mais une fille manquée ! Depuis ma plus tendre enfance, je n’ai jamais aimé jouer à la poupée, à la dînette… J’ai toujours préféré la compagnie et les jeux des garçons. Certainement cela a dû influencer mon caractère…
Je n’ai pas souffert de cette période de transition qu’on appelle l’adolescence, disons que j’ai commencé à exister réellement il y a peu de temps, quand j’ai commencé à me réaliser dans le métier que j’ai choisi. Avant, j’étais mal à l’aise. Sûrement un peu déracinée… En fait, je n’avais qu’une envie déjà : être à part, être la personne élue. Ce que je ne supportais pas, adolescente, c’est d’être perdue parmi 30 000 fourmis. Et c’est justement ce qu’on vous demande lorsqu’on est adolescent : ne pas être marginal, bien se noyer dans la masse. De cela, oui j’ai souffert !
J’ai toujours refusé d’arriver en retard au cours. Hiver comme été, je me retrouvais seule à 7h30 devant la porte alors que nous ne commencions qu’à 8h… En revanche, je ne portais aucun intérêt quant à la suite de la journée. C’est un paradoxe bizarre que je n’ai jamais pu m’expliquer. Peut-être est-ce dû à mon signe zodiacal : Vierge ascendant Vierge, cause de conflit, de dualité ?
J’ai eu la chance d’avoir des parents intelligents, ouverts, généreux dans l’âme. Si je voulais leur parler, je pouvais le faire sans problème, mais mon caractère d’adolescente introvertie me poussait plutôt à me taire. En fait, à part notre « exode » difficile pour moi au début, j’ai vécu dans un univers plutôt agréable, entourée de frères et de sœurs, comme la plupart des autres familles.
Je ne remercierai jamais assez mes parents d’avoir su régler parfaitement le problème de l’argent de poche. J’en avais un peu, mais pas trop. Dans des limites raisonnables qui font qu’on apprécie toujours les choses, qu’il vous reste les désirs. J’avoue que j’avais été choquée par les sommes exorbitantes que recevaient certains élèves.
Ma mère a toujours adoré s’habiller et de ce fait elle m’a forcément influencée, je m’en inspirais plus ou moins, fatalement. Mais à 14-15 ans, le budget alors était limité en ce qui concerne les vêtements, aussi je recherchais avant tout à bien marier les couleurs plutôt que de trouver des formes originales. J’étais déjà définitivement pantalons et je me souviens en particulier d’une tenue bordeaux – j’ai craqué un moment pour cette couleur – pull et pantalons assortis que je trouvais du plus bel effet !
Adolescente, j’avais les cheveux très courts et je n’ai jamais eu les cheveux plus longs que ma coupe actuelle. Et jusqu’à Maman à tort ils étaient bruns. Ce n’est qu’à partir de Libertine qu’ils sont devenus roux.
Vers 15 ans, j’étais surtout très dessin.
Adolescente, déjà une passion pour les animaux et les zoos.
Adolescente, j’avais essayé le piano, la danse classique (une seule séance, car à la fin la tête me tournait), puis j’ai tenté l’équitation et là mes parents ont dû se dire : « Encore un de ses caprices ! ». Maman a vraiment eu tort car là, j’ai vraiment craqué. Au point de monter trois fois par semaine, de partir en stage l’été..
Adolescente, quand il me restait un peu de temps, j’allais au cinéma. J’ai toujours été fascinée par le cinéma, par l’image. Et ses stars mythiques : Marilyn et James Dean, bien sûr mais aussi et surtout, Greta Garbo. Une comédienne, un personnage et un destin hors du commun…
Adolescente, je n’étais pas du tout branchée boums par exemple. J’y suis bien allée deux-trois fois, pour voir, mais c’était pas mon truc. Malaise.
Adolescente, plutôt que des amours, j’ai eu des intimités intellectuelles avec des garçons, des relations platoniques, évidemment sans contact physique… Mais mes copines, elles, avaient plein de flirts et, bizarrement, j’en ai souffert. Quelque part, je jalousais leur succès auprès des garçons. Encore un paradoxe. Mais j’avais trop d’appréhension pour franchir le pas… En fait, à l’époque je « fantasmais » sur des amours impossibles avec tel ou tel comédien. Quelque part je devais trouver ça moins difficile qu’une idylle « en chair et en os »…
Je suis née comme ça, avec un corps androgyne, et tout le monde me prenait pour un garçon. L’androgynie est quelque chose qui m’attire, et pour ça, ce métier est une formidable thérapie puisque je peux faire des folies et me travestir. Adolescente, l’envie que j’avais d’être un garçon tournait à l’obsession, la névrose. Je refusais d’être une fille. Aujourd’hui, je suis toujours plus attirée par la gent masculine que la gent féminine. Je crois que si j’avais été un homme, j’aurais été profondément misogyne.
Je crois que c’est une blessure, c’est un viol que de passer de l’adolescence à l’âge adulte. Lorsque l’on est enfant, même la « cruauté » vous est pardonnée. A partir de l’instant où vos actes ne sont plus innocents mais réfléchis toutes les données revêtissent un tout autre habit.
Adolescente, je lisais peu. Aujourd’hui, je lis de plus en plus. C’est de là également que m’est venu l’amour des mots. J’ai écrit toutes les chansons, ou presque, d’Ainsi soit je…, l’album qui vient de paraître.
L’adolescence est quelque chose de terrible, sans rien d’apparent. J’ai pourtant eu des parents normaux et je viens d’un milieu aisé.
Adolescente, j’ai toujours recherché des relations vraiment passionnelles avec les garçons et les filles. Je n’ai jamais vécu ces désirs.
À cette époque là, j’étais une petite fille plutôt renfermée. Je ne pensais pas vraiment à la chanson. Je n’achetais pas de disques, ma seule passion était les animaux. J’ai vécu très mal le passage de l’enfance à l’adolescence. Heureusement, je portais en moi la conviction très forte que j’allais réussir dans un domaine artistique, mais je ne savais pas encore lequel.
Je me sens éternellement androgyne. Adolescente, j’étais une fille manquée, je rejetais toute féminité. J’ai vécu une période pas très agréable. Aujourd’hui j’ai l’impression de changer un peu. Une transformation à la fois physique et mentale.
J’étais passionnée d’équitation et j’ai passionnément détesté l’école, le lycée, l’autorité. Je suis restée deux jours en classe de terminale et j’ai claqué la porte.
Adolescente, je fantasmais sur des amours avec des comédiens.
Je suis un peu plus en paix avec mon passé. J’ai détesté mon enfance et mon adolescence. Mais aujourd’hui, je pense que ce que j’ai vécu a fait de moi celle que je suis. Je n’ai rien oublié, mais j’en veux moins à ceux qui m’ont fait souffrir. Eux aussi étaient prisonniers de leurs problèmes.
J’ai pardonné à ceux qui m’ont fait souffrir mais je n’ai pas oublié et je ne suis pas encore arrivée au point où l’on peut regarder avec tendresse les souffrances subies.
Solitaire. Je m’ennuyais.
J’ai des trous de mémoire. L’adolescence est une étape que j’ai détestée et je n’ai aucun souvenir d’enfance. J’ai rencontré des personnes qui souffrent de la même chose sans être pour autant des déséquilibrés. Parfois, je suis tentée d’inventer pour avoir la paix.
Je n’ai aucun souvenir de mon enfance et mon adolescence est en train de s’effacer.
Privilégiée ? (la période de l’enfance, NDLR) Non, c’est pas tout à fait ce qu’on a démontré dans le clip ! Je crois que c’est une période qui est…bon, chacun la vit différemment, mais, c’est une période qui est excessivement difficile, le passage de l’adolescence à l’âge dit d’adulte. Oui… C’est un traumatisme.
Je crois que c’est une blessure, c’est un viol que de passer de l’adolescence à l’âge adulte. Lorsque l’on est enfant, même la « cruauté » vous est pardonnée. A partir de l’instant où vos actes ne sont plus innocents mais réfléchis toutes les données revêtissent un tout autre habit.
J’ai peut-être un petit peu moins peur de grandir.
Quant à l’enfance, je crois que je ne voudrai jamais la quitter, et je crois qu’elle ne me quittera jamais non plus. L’âge adulte m’ennuie profondément, je préfère rester dans la catégorie de l’enfant.
Cent cinquante figurants, c’est sur une journée. Il y a eu huit jours de tournage et en globalité, on peut compter à peu près 500 à 600 figurants. Donc, c’était un travail colossal pour le metteur en scène. Et j’avoue que moi j’ai pris un plaisir… le plus grand plaisir, c’était le tournage, mais surtout le montage. Parce que là pour moi, c’était prodigieux ce travail que Laurent a fait avec cette monteuse, qui est Agnès Mouchel.
C’était pour moi un réel plaisir et une grande émotion que d’assister au montage, et spécialement de ce clip parce que c’est un travail qui est énorme, et c’est vrai que Laurent Boutonnat travaille avec une monteuse qui est extraordinaire.
J’adore en tout cas les chants grégoriens. C’est vrai que Laurent et moi-même avions cette idée, ça fait très, très, très longtemps, que d’utiliser des chants grégoriens dans une chanson, et ça a déjà été fait. Là, ce sont deux voix masculines.
Quand j’ai écrit cette chanson, j’ai pensé aux « Diables », de Ken Russel. Je ne sais pas si vous avez vu ce film qui se passait sous l’Inquisition. Et ma foi, non, je n’ai pas peur de ce genre de réactions du Vatican. Et quand bien même !
J’ai eu envie de parler de mutilation, et puis l’association Agnus Dei est venue toute seule. Mais Dieu, je ne connais pas. Peut-être que c’est ça, ma mutilation.
L’ésotérisme me captive, m’impressionne tout en m’étant familier. Et Dieu dans tout ça ! Il est à la fois présent et terriblement absent. Plus on vieillit et plus l’idée de Dieu est obsédante. Elle nous hante, nous habite. J’ai appris à gérer ces questions grâce au cynisme… L’humour est salvateur.
C’est encore un peu cynique de ma part. Je ne me suis toujours pas débarrassée de toutes ces choses. Par contre au niveau de la production et de la structure de la chanson, c’est assez nouveau pour moi.
C’est difficile de résumer un titre comme ça. Moi, je donne beaucoup d’importance aux trois points de suspension d’ Ainsi soit je…. Si on peut résumer Ainsi soit je…, ce serait un portrait.
Ainsi soit je… : ce sont surtout le trois petits points qui importent.
Trois français se sont déjà impliqués dans ce type de création de vidéodisque. Ainsi soit je… a été exploité de cette façon.
Ainsi soit je… était une chanson plus difficile après Sans contrefaçon, c’est une chanson à thème. Mais c’était fondamental pour moi de la sortir à ce moment-là.
Mes projets : terminer l’album, j’espère qu’il sera bien accueilli. Il devrait sortir fin janvier ou début février. J’ai aussi beaucoup de télévisions. Concernant le reste, je réaliserai sans doute mon clip avant la sortie du prochain 45 tours.
Le clip Ainsi soit je… Il va sortir je crois le 17 avril… non… mai ! Je vais être en tournage dimanche prochain.
On a tourné le clip Ainsi soit je… il y a une semaine… Tout a été fait en studio. C’est un clip qui sera un petit peu plus court que les précédents. C’est pour changer un petit peu, d’une part et d’autre part, il y a ces nouveaux compact qui introduisent cinq minutes d’images, donc que nous allons projeter (Ainsi soit je sortira en effet en support Vidéo CD, support éphémère associant les titres en audio à une piste vidéo, NDLR).
Je pense que le clip Ainsi soit je… durera cinq minutes, je crois. (le clip dure 5’23, NDLR) C’est toujours Laurent Boutonnat le réalisateur.Nous sommes revenus à la première équipe et aux mêmes studios que le clip de Plus Grandir qui étaient les studios de Stains.
Laurent travaille sur le prochain clip, Ainsi soit je… pour un tournage de trois à quatre jours.
Dans Tristana, il y a des chevaux et surtout un loup. Libertine, il y a beaucoup de chevaux, Sans contrefaçon, il y avait aussi des chevaux, carrioles, marionnette… Et puis le dernier, Ainsi soit je…, c’est à découvrir ! Il y a une biche et un grand-duc.
Je pense pas que le tournage du clip Ainsi soit je… était plus facile. On a mis un peu moins de temps pour le tournage, qui s’est effectué en deux jours. La préparation est la même. Pour une petite anecdote, nous avons tourné dans le même studio que le clip Plus Grandir, qui était le studio Sets à Stains, et avec pratiquement la même équipe que ce même clip.
Le noir et blanc est très sobre. Je pense que ça se mariait très bien avec la chanson, qu’il fallait cette sobriété.
Dans le clip de Ainsi soit je… et dans celui de Pourvu qu’elles soient douces j’ai dû me rouler dans la boue comme des enfants et j’ai adoré ça !
Le clip Ainsi soit je…., c’est celui que je préfère en ce moment.
Greta Garbo. Mais, plus récemment, j’aime beaucoup Robert de Niro, Al Pacino, Michelle Pfeiffer. Français ? J’aime beaucoup Gérard Depardieu.
Dans le livret de cet album, il y a une réplique d’ Al Pacino qui incarne Carlito dans le film L’Impasse. Avant de mourir, en voix off, il dit: « Tous les point de suture du monde ne pourront me recoudre. » C’est aussi ce que je ressens.
Dans le métier proprement dit, je n’ai pas beaucoup d’amis. Il y a des gens que je croise dans les couloirs, des personnes qui ont ma sympathie et réciproquement, des artistes que j’aime bien, mais je n’ai jamais réellement dialogué avec quiconque, si ce n’est Alain Chamfort et un peu Lio.
(Le tableau animé, qui apparaît à la fin de Ainsi soit je…) nous a été proposé par Alain Escalle. Une errance de personnages sur une plage. Une image très retravaillée par Alain de manière à le rendre, comment dire, fantomatique. Pour moi, ce n’est pas morbide. Je veux simplement faire appel, encore une fois, à l’imaginaire, à l’inconscient. Bien sûr, cela draine des symboles. Mais, à chacun de se les approprier comme il l’entend. Ce n’est pas un passage en force.
Il s’agit d’une rencontre d’il y a quelques années. J’ai rencontré sa maman qui fut la femme du shah d’Iran. Mais, ce n’est pas tant ça qui m’intéressait et qui m’a émue, c’est plus l’histoire qu’elle m’a raconté puisque sa fille s’est donnée la mort, s’est suicidée et, elle me confiait qu’elle écoutait beaucoup ma musique. Ce qui, fatalement, me touche. Et puis, indépendamment de ça, c’était parler d’une femme d’un autre pays. Et, j’ai récemment revu sa maman, lui ai présentée et la chanson, et la vidéo qui est réalisée par Alain Escalle et, j’avoue que c’était un moment d’émotion intense.
Il n’y a pas de différence majeure avec le précédent album, c’est une continuité avec une signature des textes plus importante, en l’occurrence l’intégralité de l’album.
Ainsi soit je, c’est difficile de résumer ces trois mots, ils parlent d’eux-mêmes et je dis cela sans prétention, aucune. Il y a toutes les obsessions qui résident et qui persévèrent. Il y a des thèmes et des auteurs… C’est un album qui n’a pas plus été accouché dans la douleur que tous les jours qui composent mes semaines et mes années. (…) C’est une introspection, une affirmation et un point d’interrogation aussi c’est peut-être une manière de percevoir qui je suis… tout simplement il n’y a de toute façon pas la moindre tricherie quant aux thèmes choisis, aux univers et aux émotions. Si tant est, qu’il y en ait !
Dans l’album Ainsi soit je…, j’ai abordé un auteur référence qui est Edgar Allan Poe, et le choix de Baudelaire, lui encore ce n’est pas un hasard. Puisque ce sont ces thèmes qui reviennent. J’évoque « Vienne », en rappel à la pendaison de quelqu’un que j’ai effectivement connu…
Ça fait deux semaines qu’il est sorti (l’album Ainsi soit je…, NDLR) et qu’il bénéficie déjà d’un accueil formidable; sans parler de récompense, je trouve que c’est une belle chose… comment traduire cela avec des mots, je ne sais pas…
C’est un poète maudit, bon mais c’est surtout un poète que j’aime bien. J’apprécie ses névroses, ses persécutions, et puis le choix de L’Horloge parce que la notion du temps qui passe, ne me laisse pas indifférente. Baudelaire a une écriture incroyable. Peut-être que le public du Top 50 ne le connaît pas mais ce n’est pas bien grave au contraire, ça peut provoquer chez lui, une découverte plus accessible qu’à travers les recueils. Laurent Boutonnat a composé cette musique et il m’a paru évident d’y mettre ce poème que j’ai en mémoire depuis longtemps. Sans me comparer à Léo Ferré, je pense que nos démarches sont voisines…
Quatre mois de studio et, avec l’écriture des textes, l’écoute des musiques de Laurent, etc., on peut estimer cela globalement à cinq, six mois de travail.
C’est vrai que de dire et d’affirmer « Ainsi soit je » est une forme de mégalomanie mais, dans mon esprit, je ne l’ai pas formulé dans cette intention. Maintenant, chacun va interpréter comme il le sent. Ainsi soit je…, c’est la présentation d’une jeune fille avec tous ses paradoxes et ses ambiguïtés. Ainsi soit je…, c’est aussi l’univers d’Edgar Poe et, indirectement, celui de Baudelaire. C’est la présentation d’une personne et de sa personnalité.
On me parle d’album concept (l’album Ainsi soit je…, NDLR), je comprends ce que ça veut dire sans trop le comprendre. Je peux en parler différemment, car j’ai écrit tous les textes et j’ai abordé des auteurs, des personnages et des thèmes qui sortent de moi. Quand je parle d’Edgar Poe, c’est parce qu’il est quelqu’un qui a vraiment fait partie de ma vie. Baudelaire, c’est encore autre chose. Sans logique, c’est le paradoxe satanique et angélique. Ma personnalité et ma dualité, c’esr réellement ça. Je peux basculer très facilement d’un extrême à l’autre.
Je n’aime pas définir quelque chose. Quand on répond à des interviews, on est un peu obligé de réduire les choses. Si je te dis que le premier album était intuitif et que le second est beaucoup plus profond, c’est caricatural, mais c’est un peu vrai. Quand tu fais une première oeuvre, disque ou livre, tu veux parler de tellement de choses que c’est parfois un peu confus. Avec un second album, tu maîtrises mieux ton oeuvre.
C’est vrai que la mort, la mère, l’infanticide, tous les thèmes tabous n’ont pas été tellement abordés et, quand on en parle, on dérange et on inquiète. Ce sont des sujets qui me passionnent et qui me tourmentent comme Edgar Poe, qui faisait ressentir à travers ses écrits toutes ses angoisses sur la mort et la peur du néant. Aborder ces thèmes dans une chanson peut déranger, voire choquer. Tout cela est dur à expliquer, les gens ont l’air d’apprécier ce côté ambigu de ma personnalité.
Ecrire est devenu un plaisir, un besoin. Enfant, j’ai toujours été encline à l’auto-censure. Impossible de tenir un journal, malgré mon envie. Il me fallait découvrir les autres, qui s’appelaient Maupassant, Edgar Poe ou Strindberg…
Après coup, un artiste est parfois étonné du succès de certaines chansons. Surtout si les thèmes ne sont pas évidents pour le grand public. Je n’ai pas eu intentionnellement en écrivant le réflexe de brouiller les pistes. Même si des chansons de mon dernier disque (Ainsi soit je…, NDLR)sont très proches de ma personnalité, de ma vie.
La poupée sur la pochette de l’album, c’est la poupée qui était présente dans le clip de Sans contrefaçon.
C’est vrai que c’est un exutoire que d’écrire des chansons. Là, en l’occurrence, c’est un album (Ainsi soit je…, NDLR) qui est, c’est vrai, très, très, très proche de moi.
Le titre de mon dernier album Ainsi soit je…, il ne faut pas se méprendre, j’ai voulu faire un constat. C’est comme si je disais : « Voilà, je me présente, je suis comme ça ».
Avec l’écriture, on peut peut-être parler d’impudeur. Sur mon premier album, je chantais des textes écrits par Laurent. C’était comme si je chantais mes propres mots, mais les écrire soi-même, c’est différent. Avant, ce qui me bloquait, c’était l’idée de dévoiler des choses trop personnelles. Je suis arrivée à maîtriser ça sur mon dernier album. Les textes de mes chansons sont tous de ma plume, à deux exceptions près. L’une, c’est la reprise de Déshabillez-moi, l’autre c’est l’adaptation d’un texte de Charles Baudelaire.
Ce qui est surtout très, très important, c’est qu’un album marche, et en l’occurrence celui-là marche très, très bien et ça c’est formidable pour un artiste.
J’ai deux albums : le deuxième album se rapproche encore plus de moi, je pense. Le troisième, j’avoue que je ne sais pas du tout !
L’album Ainsi soit je…, c’est 100.000 disques vendus.
J’ai travaillé pendant trois mois. L’écriture, c’est dans la tête… les rencontres avec les gens… et puis des sentiments…
Sur Ainsi soit je… j’ai écrit toutes les paroles, à part l’Horloge, un poème de Baudelaire. J’ai la chance d’avoir cette facilité mêlée à une espèce de pudeur et d’inhibition.
Ainsi soit je…, ça ne veut pas dire que je frappe du poing sur la table en disant, c’est comme ça ! Les points de suspension sont très importants.
Adolescente, je lisais peu. Aujourd’hui, je lis de plus en plus. C’est de là également que m’est venu l’amour des mots. J’ai écrit toutes les chansons, ou presque, d’Ainsi soit je…, l’album qui vient de paraître.
Je suis en pleine promotion et cela m’occupe à temps plein. D’autant plus que l’album Ainsi soit je… a reçu un accueil formidable, ce qui me fait un énorme plaisir.
Près de 400 000 ventes pour l’album Ainsi soit je… : je trouve ça formidable.
J’ai eu le démon de l’écriture, là ! Je crois que c’est une découverte. C’est enlever ces inhibitions que j’avais quant à l’écriture. Et puis, c’est un réel plaisir, je crois. Un album entier c’est un lourd travail. Moi, je travaille toujours après les musiques. Ça m’inspire les paroles.
J’aime beaucoup Léo Ferré, ce côté narratif de certains de ses titres. Nous y avons pensé en réécoutant une composition. Baudelaire, que j’apprécie également, s’est presque naturellement imposé pour ce type d’approche.
Je n’ai jamais écrit de poèmes quand j’étais petite et le goût de la lecture m’est venu assez tard, vers 17 ans. Pour écrire j’ai besoin de la musique comme support. Je crois que je ne pourrais pas écrire de chansons vraiment gaies. L’album Ainsi soit je…est comme une sorte de journal de bord.
C’est magnifique ! C’est le plus beau cadeau que j’ai en ce moment, c’est vrai que c’est cette vente d’album ! C’est un double platine !
Dans Sans contrefaçon, je dis : « Je me fous du qu’en dira-t-on ». C’est vrai. Malgré tout, je pense avoir beaucoup d’interlocuteurs favorables puisque le 33 tours, Ainsi soit je… approche déjà les 600.000 exemplaires vendus.
On approche le million, là ! C’est formidable !
Je crois que pratiquement toutes les chansons de l’album sont très proches de moi. C’est vrai que Sans Logique, c’est le paradoxe qui est en chacun de nous.
Par rapport à une volontaire inhibition antérieure, cet album est presque un viol organisé de ma personne, dû à des contextes, à une écriture. Ce viol était un besoin, comme celui de me dévoiler par l’écriture. J’ai l’impression d’avoir dit des choses qui m’étonnent moi-même. Sur mon premier album, je n’avais écrit que trois textes. Avec Ainsi soit je…, je suis arrivée à transmettre d’autres choses, sur des thèmes que je juge inépuisables.
Deux personnes sont nées en même temps. Bien sûr le terme de producteur est toujours plus magique aux yeux des gens que celui d’interprète. Mais je suis en paix avec moi-même et mon album Ainsi soit je….
Nous atteignons le million d’albums. Ce qui est un disque de diamant. C’est une chose magnifique pour moi.
Cet album est en fait ma philosophie; toutes mes envies, mes passions, mais aussi les choses qui me tiennent à cœur. Beaucoup d’idées choquantes, d’accusations fortes sont allégées par la douceur des notes musicales mais je pense que le ton qui s’en dégage n’est pas aussi gentillet qu’il voudrait bien le laisser croire.
C’est vrai qu’au regard ne serait-ce que des titres, ce n’est pas très gai… J’ai même l’impression qu’au-delà de tout cela, il y a une sérénité que je n’avais peut-être pas dans l’album précédent Ainsi soit je….
Je chante ce qui me touche, ce qui me poursuit, ce qui me hante. Mais d’Ainsi soit je… à L’autre..., il y a une ouverture. Vers l’indéfini… Tellement de choses dans la vie font qu’on évolue, quoique je n’aime pas tellement ce mot, cela a un petit coté médical. Il est certain que mon expérience de la scène a beaucoup compté dans l’écriture de mon deuxième album. De toute façon, je ne sais que parler de moi, de l’autre à travers moi…